mercredi 17 décembre 2008

La bourse ou la vie

Enfant, je m'installais devant la glace de la chambre des parents et livrais des combats à de redoutables ennemis. Un de mes scenarii favori était l'attaque du carrosse. J'y tenais tous les rôles.

Le cocher - Monseigneur, nous voilà poursuivis par des mandrins.

La marquise - Mon dieu qu’allons nous devenir !

Le baron (la main sur l’épée) – ne craignez point madame…

Le chef des bandits – Casse-trogne débarrasse nous de ce cocher !

Le fidèle lieutenant sautait sur la voiture, rampait et achevait le cocher dont je faisais très bien le cri d’agonie - AAArghhhh.

L’attelage stoppait dans des grincements d’essieu et les ordres de ce gueux aux chevaux écumants. Les passagers descendaient et devaient se dépouiller. Grand seigneur le chef des bandits décrétait :

– Pas vous Madame.

Elle baissait les yeux, déjà conquise, ou bien, selon l’humeur du jour, le défiait :

– Quelle insolence !!! Baron faites quelque chose !!

Et là……

Moi, le justicier, j’arrivais sur mon alezan lancé vent du bas. Dans l’élan je basculais trois voleurs avant de balancer un poignard entre les épaules de Casse-trogne, sautais de ma monture, dégainais et entamais un duel de mort avec le chef des bandits. La marquise reprenait des couleurs et palissait en même temps de peur de me perdre. Je transperçais sans pitié ce manant avant de saluer la belle. Le soir dans mon lit je repensais à mes exploits et avec délices à la marquise.

Mais je ne sais pas ce qui se passe, l’affaire se déroule mal. Je commence à avoir froid. La diligence est arrêtée, on est à poil au bord de la route et le justicier n’arrive pas. Les chevaux broutent l’herbe fraiche. Je crois bien que la marquise s’est tirée avec le golden boy.

Les temps à venir verront fleurir des gens à poil au bord des routes. Personne ne poursuivra les golden boys, ils sont le point lumineux de l’arnaque que l’on nous vend. Cette lumière nous aveugle.


Grave – 2008 – 110x110cm - Acrylique sur toile

« Grave » n’est pas destiné à illustrer la crise car il pourrait y être question du son par exemple, ou de la maladie. Non, ce tableau est juste destiné à montrer que l’on peut peindre des adjectifs comme l’on peint des paysages ou des portraits. Certains m’ont dit qu’en anglais « grave » signifie « tombe ». Les mots sont très malléables. La peinture aussi, surtout lorsqu’elle s’occupe des mots.


Malléable – 2008 – 110x46cm - Acrylique sur toile

jeudi 27 novembre 2008

Sept d'un coup

Les 7 péchés capitaux - 2008 - acrylique sur toile
116 x 89 cm chacun

Collection publique Conseil Général de la Moselle

Sept d'un coup!
Ce n'est pas l'histoire du petit tailleur que je vous raconte là, mais celle du Conseil Général de la Moselle qui vient d'acquérir la série des sept péchés capi
taux dont nous avions longuement parlé au fil des mois de travail. (voir messages précédents). Cette acquisition a validé une exposition d'été réalisée dans les locaux de la Direction Culturelle du Département, Rue Mozart à Metz.

C'est bien entendu une très bonne nouvelle car j'avais conçu ces tableaux comme un tout et l'idée de leur dispersion ne me réjouissait guère. Ils resteront donc ensemble et continueront de se titiller l'un l'autre comme ils l'on fait pendant quelques semaines lors de l'exposition au Prieuré de Monsempron (47). Merci au Conseil Général de la Moselle.


Parallèlement à cet évènement, j'ai participé à Mac Paris du 20 au 23 novembre. Ce fut un très beau salon où 128 d'entre nous ont présenté leur travail de cette année.
Il y avait des photos, des peintures, des sculptures. Des paysages et des corps, des mots et des cris, du sang, de la sueur et de la poésie. Des machines bizarres avec des plumes au cul , des installations de guerre des tranchées, un simple trait noir au milieu d'un grand format.un trait tout fin, tremblant, infime et puissant. Il y avait l'eau de l'Orénoque sur mon stand, l'Iron Flat à ma gauche , une pale d'hélicoptère et des reflets de tas de charbon en face de moi. Il y avait, il y avait.... une super ambiance. Merci à toute l'équipe qui organise ce salon.

mercredi 12 novembre 2008

Traquons le boson.

Issu d'une rupture de symétrie au moment du big bang le boson mène une vie tranquille et se ballade dans l'univers en effaçant ses propres traces. On ne lui connait pas de prédateur hormis le physicien de haut vol (facilement reconnaissable à son propos ) Depuis qu'un certain Higgs a émis l'hypothèse de son existence, la tribu s'est mise au travail et a élaboré une méthode pour capturer ce dahu interstellaire.
La recette est simple. Je vous passe les détails mais çà commence par : "Creusez un tunnel circulaire de 27 km de circonférence..... c'est dire. Installez à l'intérieur une batterie de pièges à faire pâlir un régiment de bo-doï et attendez.


Tel une super balle le boson va rebondir dans tous les coins - j'hésite, un tunnel a t'il des coins? - Fatigué par cette activité brutale qui le change de sa trajectoire peinarde le boson se laisse alors capturer par une des turqueries de nos allumés.
Ces "gens du tunnel" sont une secte assez cool qui envoie parfois un émissaire à la surface pour expliquer que çà va commencer. C'est en écoutant ce plénipotentiaire à la télévision que m'est venue l'idée de peindre des bosons car nul n'en a jamais vu. Perso je l'imagine doux et moelleux, délicieusement fantasque et aussi facile à détecter que le propriétaire d'une hypothèque basée sur des subprimes.
J'ai trouvé qu'il y avait une similitude entre ces physiciens et nous, les artistes. Tous les matins nous installons nos pièges au milieu de l'atelier dans l'espoir de capturer notre boson, cet ineffable instant qui fera le tableau, la sculpture.

Bosons - 4 tableaux 50x 50 cm -2008

Je présenterai mes captures à l'occasion de Mac Paris 2008 du 20 au 23 novembre. Vous pouvez avoir tous les détails sur ce salon d'artistes en cliquant sur le lien qui suit :

http://www.mac2000-art.com





mardi 7 octobre 2008

Le Superbe Orenoque



Le Superbe Orénoque est le titre d'un des 54 voyages extraordinaires de Jules Verne. Il a bien sûr été édité dans la somptueuse collection Hetzel . Ce fleuve a donné lieu à de nombreuses controverses entre géographes quand à la localisation de sa source. C'est l'objet du livre. Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer un des dialogues de Jules Verne.

«Allons donc! s’écria M. Varinas. Ce n’est pas sérieux, et ce n’est pas sérieusement que vous parlez, monsieur Miguel…

Très sérieusement, au contraire, et je trouve naturelle, logique et par conséquent admissible cette opinion que d’autres tributaires puissent se disputer l’honneur d’être le véritable Orénoque…

Vous plaisantez! riposta M. Felipe.

Je ne plaisante jamais quand il s’agit de questions géographiques, répondit gravement M. Miguel. Il y a sur la rive droite du cour supérieur le Padamo…

Votre Padamo n’est qu’un ruisseau auprès de mon Guaviare! riposta M. Varinas.

Un ruisseau que les géographes considèrent comme aussi important que l’Orénoque, répondit M. Miguel. Il y a sur la rive gauche le Cassiquiare…

Votre Cassiquiare n’est qu’un ruisselet auprès de mon Atabapo! s’écria M. Felipe.

Un ruisselet qui met en communication les bassins venezuelien et amazonien! Sur la même rive, il y a le Meta…

Mais votre Meta n’est qu’un robinet de fontaine…

Un robinet d’où sort un cours d’eau que les économistes regardent comme devant être le futur chemin entre l’Europe et les territoires colombiens.»

Délicieux, non? Les illustrations de Georges Roux le sont tout autant. Ces beaux messieurs s'écharpent, le bateau part et commence la remontée du fleuve.

La controverse est close depuis longtemps et l'ouvrage a été plusieurs fois réédité. Avec cette couverture par exemple ou l'illustrateur ne nous montre plus le fleuve.

En effet comment représenter un fleuve ? Faut-il montrer sa source, son cours, son embouchure? Comment échapper à la dictature de l'anecdote et de la représentation d'un endroit précis. C'est la question que je me suis posé ces derniers temps en travaillant à deux grandes toiles: Orénoque et Euphrate. J'envisage de peindre la Loire et le Zambèze dont le seul énoncé du nom me fait rêver.

Orenoque - 195 x 130cm - 2008

Je commencerai à présenter ces toiles à Paris le mois prochain à l'occasion du salon Mac 2000. Je vous en reparlerai.
Après une exposition d'été au Conseil Général de la Moselle, Rue Mozart à Metz, le carnet des expositions personnelles s'est rempli pour les deux années à venir : été 2009, à l'Ane Bleu une galerie de Marciac dans le Gers pendant le Festival de Jazz. A l'automne Bruxelles dans l'Espace Moselle. En 2010 Berlin, à l'initiative du Conseil Général, et le Musée de Marmande dans le Lot et Garonne qui a une politique originale de présentation de peintres actuels.




samedi 6 septembre 2008

Marie Galante

Bien sûr vous n'êtes pas obligé de me croire, mais le gars qui nage c'est moi. L'eau fait 18°. La température extérieure est de 21°. Ce faible écart thermique entre les deux éléments explique ce que vous ne voyez pas sur cette photo. Mon plaisir de nager dans cette eau fraiche. Oui, oui, mon plaisir. Car je suis tout seul. Tiens, vous qui êtes allé vous dorer à Bormes ou Porto Vecchio est-ce que vous avez réussi à nager seul dans la mer? J'étais en train d'écrire ces lignes et je m'apprêtais à chambrer tout ceux qui ne sont pas partis dans le Cotentin cet été (enfin si on peu dire) histoire d'évacuer ces longues promenades délicieuses sur des grèves immenses et désertes - on a vu un phoque par exemple - j'étais en train d'écrire lorsque que le téléphone a sonné:
- Alain ?
- Waou Bob! P.... Bob!
Je sais, c'est pas bien d'appeler une péripatéticienne dans ces cas là mais bon, c'est sorti . Faut dire que Bob c'est un pote d'enfance, du siècle dernier si vous préférez.
- Alors, t'en es où?
- Ben, je bosse à Marie Galante.
- A Marie Galante !
- Ouais, ils m'ont proposé de prolonger d'un an.
- Arrête...
- Ouais, ouais, c'est un peu monacal comme vie. Tu sais après 16 h les bateaux rentrent à Pointe à Pître et là je vais me baigner. Souvent je suis tout seul. Le soir bouquin, coucher de soleil, l'alizé sur les cannes à sucre......
- Super, super....
Et on a continué à bavasser avant de se quitter.
Là je dois vous avouer que j'ai craqué. Ah, l'enfoiré! TOUT SEUL! Dans une eau transparente à 28° avec une température extérieure à 32°. Et puis avec des langoustes peut-être, hein, avec des langoustes, j'en étais sûr. Et le punch sous les cocotiers pendant qu'on y est. La totale, ridicule, ridicule. Ah, l'enfoiré! Tiens regarde çà.....


A part çà je me suis remis à peindre, mais je vous raconterai une autre fois. Ah, l'enfoiré!

lundi 19 mai 2008

Pigeons

Depuis 800 ans la lumière traverse cette fenêtre et noie une des grandes salles du Prieuré de Monsempron.Elle m'a accompagné au long de l'accrochage des 40 toiles de l'exposition. La lumière et les pigeons. Dès que je me penchais à l'une des ouvertures pour profiter du paysage ils s'envolaient et tournoyaient autour de l'édifice.
Les choses ont changé très vite à l'arrivée de l'orage. Les pigeons se sont cachés, la lumière a basculé et le ciel nous est tombé sur la tête. Il y a eu un bref instant de fin du monde avant que l'averse installe son humidité. Puis un pigeon a roucoulé.


J'ai pensé aux moines, çà devait les faire kiffer ce genre de moments. La puissance du ciel puis la sérénité retrouvée. Le moine roucoule t'il après l'orage?
Vous attendez que je parle de l'exposition, du vernissage (très sympa) de la peinture. Ce serait facile, peut-on trouver meilleur endroit pour exposer les 7 péchés capitaux qu'un prieuré du XIII° siècle? D'ailleurs ils s'y prélassent avantageusement.
Mais je n'ai pas envie. Après des mois de peinture j'ai besoin de me vider la tête. L'orage m'a lavé, je l'ai laissé m'envahir au rythme des projections qui mouillaient le seuil du Prieuré. L'eau a ensuite coulé jusqu'à la rivière où je l'ai retrouvée le lendemain. Le flot était gros. C'est le dernier endroit où le Lot fait le malin au pied des falaises. Après il se la coule douce jusqu'à la Garonne.
Il y a là un château et un moulin aussi vieux que le Prieuré. Et toujours des pigeons, bien à l'abri sous les arches qui amortissent le bruit de la chute d'eau. Ils sortent en rafale à la première alerte. Ils m'ont fait peur tellement j'étais pris par la quiétude de l'endroit.


Car c'est doux, l'eau est verte et fait envie. Il suffirait de descendre ces quelques marches, se laisser aller, on se retrouverait là bas à Cordouan, dans l'estuaire, dans l'océan. Dans ce bleu que promet le ciel.

vendredi 9 mai 2008

Repentir

Repentez vous mécréants ! Les péchés sont sur vous. Secouez vos âmes !
Délestez-vous, parlez au Seigneur, dans sa grande miséricorde il vous sauvera.

les 7 péchés capitaux
2008 - acrylique sur toile - 7 (116x89cm)


Voilà sans doute le sens du message (je vous la fais courte) que contenaient tous ces tableaux « d’église » avant d’envahir nos manuels de morale. Ils avaient pour vocation d’édifier les masses comme l’on dit, de nous faire prendre conscience de nos turpitudes. Je soupçonne que çà n’a pas toujours marché. Que des jeunes enfants ont déconné en décodant ces images dans la semi pénombre des chapelles – « hé t’as vu le paresseux – ouais, et le gourmand là». Que des jeunes gens ont dit à des jeunes filles « viens donc, je vais te montrer la Luxure » et qu’ils ont fait des trucs dans le déambulatoire. Baiser dans une cathédrale est divin. Blasphème ! Vous n’y avez jamais pensé peut-être. Il faudra alors que j’ajoute l’hypocrisie au nombre de mes toiles. Que je trouve un biais pour que le bleu fasse croire qu’il est rouge ou que je vous repasse les films d’Almodovar et de Bunuel.

Lorsque j'ai commencé à chercher des images relatives aux péchés capitaux, j’ai réalisé qu’ils étaient le plus souvent peints de façon allégorique ou métaphorique. L’avare s’accroche à sa cassette, le colérique hurle, le gourmand se gave etc… J’ai tenté de sortir de ce système et imaginé pour chacun d’entre eux une solution non figurative. J’ai cherché en moi les sentiments qu’ils m’inspirent, tant la couleur que l’intensité ou la brièveté.




Pour la jalousie cela a été simple, ses fleurs noires envahissent régulièrement ma tête folle.







Pour la colère j’ai mis longtemps avant de repenser à une de mes grands-mères à laquelle je faisais parfois une de ces crises dont les enfants connaissent les ressorts (la jalousie ?). Elle me disait :

- Mais regarde-toi mon pauvre enfant, tu n’as plus de figure.

Plus de figure, ah, merci Louise, merci. Tu me sauves la vie…



Je confesserai mes péchés au public du 15 mai au 15 juin au Château Prieural de Monsempron Libos dans le Lot et Garonne.


NB : un ami peintre m’a communiqué ce lien que je ne peux résister à vous transmettre à mon tour. Cà dure deux minutes, c’est fascinant.

http://www.lena-gieseke.com/guernica/movie.html

lundi 14 avril 2008

TR4

Après une première tentative avortée pour envahir l’Aquitaine entre 1337 et 1454 les anglais sont revenus en 1963 avec deux armes absolues : la Livre Sterling et le Roadster TR 4 bien plus sexy que la masse d’armes.

Grâce à leur money ils ont acheté les plus belles bâtisses de notre douce contrée sous une ligne La Rochelle – Narbonne et au volant de leur Girling 2138 cm3 ils ont sillonné les routes du sud-ouest avec à leur gauche (ben oui) des gonzesses en lunettes noires et foulard qui susurraient :
- Oh, continuez Georges, c’est tellement merveilleux.
Georges ne s’est pas fait prier et ils se sont dispersés sur un quart de la France tels des moineaux en migration estivale. C’est ainsi que j’ai connu Dyllis, en réalité une galloise avec un Patrick irlandais (çà ne s’invente pas) dans un micro village du Lot et Garonne. Elle savourait un gin fizz (enfin plusieurs) à chaque soirée que Dieu lui offrait et contemplait le Lot depuis sa maison éclusière.
- Oh, Alain, c’est tellement merveilleux.
Ici nous avons affaire à un méta-langage. « C’est tellement merveilleux » c’est pratique, universel, la preuve d’une parfaite éducation. Je l’ai souvent imaginée dans une demeure en Inde ou au Kenya. Car Dyllis, lorsque je l’ai croisée, avait déjà 70 ans. Cela faisait longtemps qu’elle trouvait la France «marvéyeuse ». Chaque année elle repartait plus tard en Angleterre et revenait avant même le printemps très en avance sur ses congénères. Jusqu’au jour où elle a décidé que le gin était moins cher au super marché du coin que dans le Surrey. Indice probant du réchauffement climatique car sédentariser les espèces est une preuve scientifique de l’évolution du comportement.

Afin de nous remercier de tant de douceurs elle organisait une fois l’an un repas pour les 10 maisons du hameau. L’affaire dépassait la simple « bouffe » entre voisins, Dyllis travaillait à l’entente cordiale. Le menu était donc établi sur les bases suivantes : coup d’envoi mixte et baroque avec omelette aux cèpes et chutney , 2° mi-temps sud-ouest , le genre qui tient en mêlée, et un dessert anglais. Vin.
Soyons honnêtes, ce dessert nous appréhendions son retour annuel. Mais nous avons fini par l’applaudir car il nous permettait de déconner pendant 364 jours sur la cuisine d’outre manche. Il était rose. Fuschia. La « jelly » recouvrait le « tout » d’une imparable saveur britannique.

Gourmandise - 2008 - 116x89cm
"les 7 péchés capitaux"

Ce « tout » nous ne l’avons jamais identifié. Les bruits les plus fous ont couru. N’avait-elle pas travaillé dans la recherche atomique à Cambridge alors même qu’elle disait être dentiste. Elle en coupait des tranches énormes. On s’observait et moi je l’observais. Elle s’envoyait des bouchées titanesques en fermant les yeux et en murmurant :
- Oh, les amis, c’est tellement merveilleux. So marvellous …

Un ami peintre me signale qu’un comité de grands chefs s’est créé et a entrepris une démarche officielle auprès de l’Eglise Catholique afin de faire abolir le péché de gourmandise. Une erreur stratégique à mon sens car je vous le demande : où sera le plaisir ? « C’est tellement merveilleux… »
God save Dyllis.

mercredi 12 mars 2008

Sex Toy

"L'exposition s'appelle : "Sex in progress", SIP pour les initiés. Au terme d'un processus très réfléchi Alain Galaup a investi le lieu avec une détermination rare quant à sa prise en compte. Sa mise en abîme est exemplaire. En effet, l'artiste..."
Là, je me suis réveillé en sueur.
- "Ca va pas?"
- "J'ai rêvé que j'exposais au Frac. Bon sang je l'ai échappé belle!"

Autant le dire j'ai eu du mal à trouver le sommeil à cause de la Luxure. Et puis il y a eu ce songe. J'ai vu un lieu que j'ai pris d'assaut sans frémir. Au centre mes assistants ont posé 200 m2 de plancher de teck sur lequel ils ont installé un grand lit aux draps défaits selon un (dés)ordonnancement très calculé. Il est encerclé par une armée de sextoys de formes et de couleurs diverses. Tous ont servi au moins une fois comme en atteste la vidéo calée entre les oreillers dans laquelle leurs utilisateurs(trices) ont accepté de témoigner. J'ai ainsi pu leur délivrer un certificat d'orgasme dont le modèle est reproduit sur mon site. A droite des cybacolors grand format présentent des culottes en dentelle shootées sur le plancher ou sur le tapis onctueusement noir qui le recouvre partiellement.Ils font face à des reproductions de tableaux hollandais du XVII° qui dégorgent fleurs et fruits. Au fond un système optique débite en lettres de feu un texte du Divin Marquis : "Justine avala ...." on a tout juste le temps de lire, je l'ai calibré à 20 caractères seconde. Au plafond est suspendu une armada de cravaches entre lesquelles navigue le son, un mélange de Nina Hagen et de chants grégoriens mixés sur du Rigoletto. Le dernier mur est tagué cent fois du nom d'Asmodée. D'ailleurs il est là, les doigts dans la live-box. Son corps velu s'anime par transparence d'un spectacle obscène, sa queue fourchue a maintenant la luminescence de l'épée de Dark Vador et il braille à intervalles réguliers : "Sodome et Gomorrhe, Sodome et Gomorrhe, internet complice". Impossible d'arrêter ce cuistre.
Je me suis réveillé en cherchant la sortie. Je vous dois la vérité: en lieu et place d'un tel dispositif je me suis contenté d'un tableau. Un simple tableau.

Luxure - 2008 - 116x 89 cm
"les 7 péchés capitaux"

L'air y est tiède et chargé de parfums. La nature est abondante sur les flancs de cette montagne qui domine la mer. La fille (là chacun choisit) à côté de moi est occupée. Tout est très lent. Elle parle à mon oreille. Au diable le cuir....


samedi 8 mars 2008

Lucifer

Si vous lisez les commentaires du Droit Canon, ce dont je ne doute pas, l'orgueil ce n'est pas bien. Un vrai péché, un grave. L'homme ne doit pas se prendre pour Dieu car cela le conduit à de graves excès. D'ailleurs dans la tradition l'orgueil est associé à Lucifer. T'imagines, c'est bien pire qu'Asmodée (luxure) ou Belzebuth le gourmand ou ce pauvre Belphegor qui a sombré dans la paresse.



Si vous lisez l'Equipe - ce que je soupçonne - l'affaire est entendue: l'orgueil c'est vachement bien. L'orgueil du champion ou de la championne revient à toutes les sauces. Un jour Manaudou suite à ses aventures italiennes, un jour Paolo Rossi (3 buts face au Brésil en quarts en 82) alors qu'il venait de plonger dans une sombre histoire de totonero. Et que dire de ces hommes enfoncés dans la boue et qui se relèvent pour combattre. Le rugby a fait de l'orgueil son blason. A moins qu'il ne s'agisse que de fierté....



"Perso", comme dit ma fille, j'ai connu ma période "orgueil du champion" ( à moins que cela n'ait été que de la vanité vu les tôles que j'ai ramassées)

Kodakolor Instamatic - 1970 - 10x15cm
(pas de courrier svp)

Comment représenter un mot aux sens parfois contradictoires, un péché que les anglo saxons désignent sous le nom de "Vanity" (ce qui résonne différemment à nos oreilles) et que les anciens ont souvent illustré sous le nom de "Superbia"



Il me semble que notre héros a un double visage, ce qui m'a causé quelques soucis. J'ai choisi le rouge et le blanc pour parler de lui. Il sera finalement l'affiche de ma prochaine exposition.

l'orgueil - 116 x 89 cm - 2008


samedi 2 février 2008

"Less is more" *

Avarice - 2008 - 116x89cm
en ces temps de milliards soi disant "virtuels".....
* "Less is more" fut le principe de base de l'architecture de Mies Van der Rohe, un des grands archis du XX°.

mardi 15 janvier 2008

Paresse et Luxure

Dans un précédent billet je vous parlais des sept péchés capitaux. C'est un vieux thème de peinture. L'iconographie est si abondante qu'on ne sait quoi choisir.
On y observe cependant les deux façons d'aborder le sujet. Soit les tableaux regroupent les sept péchés, c'est le cas de Otto Dix ci -dessus ou de Jerome Bosh ci-dessous, soit les artistes abordent l'affaire de façon thématique. C'est mon choix, je ferai les sept tableaux.

Cette fois-ci je me suis concentré sur la Paresse.
Pour vous j'ai isolé son traitement par Bosh


cette petite merveille de Félix Valloton


ce double jeu de Gustave Coubet qui s'intitule "La Paresse et la Luxure"(mais également "le sommeil", c'est un peu faux cul)


cette délicieuse "griffouillure" de Antonio Saura également intitulée "la Paresse" et qui nous éloigne singulièrement des représentations les plus courantes.


Ma "Paresse" se veut également très personnelle.


C'est l'enjeu de cette série de sept toiles : tenter une approche non allégorique de ce sujet.La prochaine fois ce sera "l'Orgueil", ou peut-être "l'Avarice". Ou "la Colère." Cela dépendra de l'avancement des travaux. Si vous avez une idée pour la "Jalousie"............ et puis il nous restera la "Gourmandise" pour nous consoler.

Ces toiles sont destinées à une prochaine exposition personnelle dans le Lot-et Garonne (l'endroit où je suis né) au mois de mai .