lundi 19 mai 2008

Pigeons

Depuis 800 ans la lumière traverse cette fenêtre et noie une des grandes salles du Prieuré de Monsempron.Elle m'a accompagné au long de l'accrochage des 40 toiles de l'exposition. La lumière et les pigeons. Dès que je me penchais à l'une des ouvertures pour profiter du paysage ils s'envolaient et tournoyaient autour de l'édifice.
Les choses ont changé très vite à l'arrivée de l'orage. Les pigeons se sont cachés, la lumière a basculé et le ciel nous est tombé sur la tête. Il y a eu un bref instant de fin du monde avant que l'averse installe son humidité. Puis un pigeon a roucoulé.


J'ai pensé aux moines, çà devait les faire kiffer ce genre de moments. La puissance du ciel puis la sérénité retrouvée. Le moine roucoule t'il après l'orage?
Vous attendez que je parle de l'exposition, du vernissage (très sympa) de la peinture. Ce serait facile, peut-on trouver meilleur endroit pour exposer les 7 péchés capitaux qu'un prieuré du XIII° siècle? D'ailleurs ils s'y prélassent avantageusement.
Mais je n'ai pas envie. Après des mois de peinture j'ai besoin de me vider la tête. L'orage m'a lavé, je l'ai laissé m'envahir au rythme des projections qui mouillaient le seuil du Prieuré. L'eau a ensuite coulé jusqu'à la rivière où je l'ai retrouvée le lendemain. Le flot était gros. C'est le dernier endroit où le Lot fait le malin au pied des falaises. Après il se la coule douce jusqu'à la Garonne.
Il y a là un château et un moulin aussi vieux que le Prieuré. Et toujours des pigeons, bien à l'abri sous les arches qui amortissent le bruit de la chute d'eau. Ils sortent en rafale à la première alerte. Ils m'ont fait peur tellement j'étais pris par la quiétude de l'endroit.


Car c'est doux, l'eau est verte et fait envie. Il suffirait de descendre ces quelques marches, se laisser aller, on se retrouverait là bas à Cordouan, dans l'estuaire, dans l'océan. Dans ce bleu que promet le ciel.