mercredi 10 septembre 2014

Selfie



Je suis en train de faire des selfies  avec ma nouvelle tablette  tout en me disant qu’au train arrière où vont les choses, ce déballage de nos vies, cet étalage de nos égos, l’étape suivante sera l’endoscope dans le cul. 




Chacun en fera l’usage qu’il veut. Pour ma part, debout dans l’atelier,  je vidéo-projetterai des images de mon gros colon sur des toiles plus ou moins grandes  selon la distance. Une fois le fichier choisi  et  imprimé par  laser à jet d’encre afin d’avoir une trame, il ne restera   qu’à le recouvrir de peinture  et  signer avec mon empreinte ADN préalablement enregistrée au « Bureau des Empreintes »,  organisme onusien dont la politique de confidentialité des données personnelles est sans faille. Enfin autant que celle de Google vis-à-vis de la NSA.


Ces œuvres  intimes,  « véritable mise à nu de l’artiste », seront  finalement reconnues en 2042 (assez tardivement j’avoue) comme prédictives d’un mouvement de la  société occidentale dit  «période du  selfie interne ». Ces exégètes de mon travail  noteront au passage une légère addiction au coco breton. 


Je vous le dis les amis, la puissance de calcul des ordinateurs nous ouvre des horizons sans limites  et les confessions de « Valoche » paraitront une bluette à côté de telles réalisations.

A cet instant le bidule émet une sonnerie élégante et coréenne qui annonce  une notification. Je vous la livre :

« Le comité de surveillance de l’unité de stockage i-nuage 512 à laquelle vous adressez vos photos trouve que vous avez une sale gueule et procède à la destruction immédiate des fichiers ».

Et depuis 15 jours je reçois toutes sortes de propositions de chirurgiens esthétiques, clinique du sourire etc … dans un rayon de 50 km. La prochaine fois que j’accepte la géolocalisation ce sera au pôle nord.