- De la bonne viande saignante ces chrétiens.
On rigole bien, il y en a même un qui urine sur un mur et pète un grand coup au milieu des pauvres bougres en train de cuver. Lorenzo prie. Le sous off gueule. - Ne le tuez pas maintenant on doit le présenter au Gouverneur!
Vers midi le Gouverneur arrive dans le prétoire accompagné de son mignon. On lui présente Lorenzo.
- On me dit que tu es chrétien.
- Jésus est mon dieu.
- Quel est son pouvoir ?
- L’amour est sa force.
- Explique-moi çà.
- Oui l’amour pour ceux qui n’ont rien, qui ne sont rien. Ils seront les premiers au royaume des cieux.
- C’est un vaste tissu d’âneries, ton dieu qui a un royaume n’a pu échapper aux hommes.
- il s’est incarné pour nous racheter par son sacrifice.
- Dis-moi chrétien, tes affaires ne semblent pas très bien marcher malgré ce dieu d’amour.
- Au contraire beau seigneur, ce que tu envisages de faire de moi renforcera encore son pouvoir sur les âmes.
- Comment peux-tu en être certain ?
- A cause du feu intérieur qui dévore mon coeur.
- Le feu dis-tu, hé bien demain après midi on allumera le contre feu.
A ces mots le mignon éclate d’un rire gras et échange un long regard enamouré avec son amant. Déjà on amène Lorenzo et les ordres fusent pour qu’un bûcher soit dressé, les crieurs courent la ville, dans les tavernes les hommes braillent à la gloire de Rome, le vin coule et des filles dansent sur les tables. On déguste à l’avance cette séance de barbecue, d’estrapade et de décapitation. Ah la douce époque où l’on ignore encore le bombardement depuis 10 000 mètres. Lorenzo achève de convertir ses futurs compagnons de supplice et ils partent en chantant à la mort.
A l’heure dite le Gouverneur parait un instant à la fenêtre du palais et d’un geste méprisant ordonne d’expédier. Puis il disparaît.
Commencent alors les cris et lamentations des malheureux au milieu des cris de haine de la foule. Au milieu de ce délire Lorenzo que l’on a commencé à griller déclare : «Je suis assez rôti de ce côté. Faites moi rôtir l’autre »
Au même instant le mignon se retourne et réclame aussi que l’on s’occupe de l’autre face. Un étrange concert de cris, hurlements et soupirs s’envole vers les nuages. Et les nuages parlent entre eux :- Quel est ce bruit ?
- C’est le fracas des hommes, il parait que là haut un dieu reconnait les siens.
Et les nuages s’effilochent dans le bleu. Les nuages sont comme les martyres, ils bossent pour l’éternité.
Lorenzo fut martyrisé en 258 à Rome. En 1557, soit mille deux cent quatre vingt dix neuf ans plus tard (1299 ans !) Philippe II d’Espagne ordonna la construction de l’Escurial en forme de gril en l’honneur de Lorenzo. On ne sait jamais ce que les puissants sont capables de faire avec des martyres. Quant à moi je me suis juste demandé s’il était encore possible de faire un tableau d’église.
On rigole bien, il y en a même un qui urine sur un mur et pète un grand coup au milieu des pauvres bougres en train de cuver. Lorenzo prie. Le sous off gueule. - Ne le tuez pas maintenant on doit le présenter au Gouverneur!
Vers midi le Gouverneur arrive dans le prétoire accompagné de son mignon. On lui présente Lorenzo.
- On me dit que tu es chrétien.
- Jésus est mon dieu.
- Quel est son pouvoir ?
- L’amour est sa force.
- Explique-moi çà.
- Oui l’amour pour ceux qui n’ont rien, qui ne sont rien. Ils seront les premiers au royaume des cieux.
- C’est un vaste tissu d’âneries, ton dieu qui a un royaume n’a pu échapper aux hommes.
- il s’est incarné pour nous racheter par son sacrifice.
- Dis-moi chrétien, tes affaires ne semblent pas très bien marcher malgré ce dieu d’amour.
- Au contraire beau seigneur, ce que tu envisages de faire de moi renforcera encore son pouvoir sur les âmes.
- Comment peux-tu en être certain ?
- A cause du feu intérieur qui dévore mon coeur.
- Le feu dis-tu, hé bien demain après midi on allumera le contre feu.
A ces mots le mignon éclate d’un rire gras et échange un long regard enamouré avec son amant. Déjà on amène Lorenzo et les ordres fusent pour qu’un bûcher soit dressé, les crieurs courent la ville, dans les tavernes les hommes braillent à la gloire de Rome, le vin coule et des filles dansent sur les tables. On déguste à l’avance cette séance de barbecue, d’estrapade et de décapitation. Ah la douce époque où l’on ignore encore le bombardement depuis 10 000 mètres. Lorenzo achève de convertir ses futurs compagnons de supplice et ils partent en chantant à la mort.
A l’heure dite le Gouverneur parait un instant à la fenêtre du palais et d’un geste méprisant ordonne d’expédier. Puis il disparaît.
Commencent alors les cris et lamentations des malheureux au milieu des cris de haine de la foule. Au milieu de ce délire Lorenzo que l’on a commencé à griller déclare : «Je suis assez rôti de ce côté. Faites moi rôtir l’autre »
Au même instant le mignon se retourne et réclame aussi que l’on s’occupe de l’autre face. Un étrange concert de cris, hurlements et soupirs s’envole vers les nuages. Et les nuages parlent entre eux :- Quel est ce bruit ?
- C’est le fracas des hommes, il parait que là haut un dieu reconnait les siens.
Et les nuages s’effilochent dans le bleu. Les nuages sont comme les martyres, ils bossent pour l’éternité.
Lorenzo - 2010 - 130 x 97 cm - acrylique sur toile
Lorenzo fut martyrisé en 258 à Rome. En 1557, soit mille deux cent quatre vingt dix neuf ans plus tard (1299 ans !) Philippe II d’Espagne ordonna la construction de l’Escurial en forme de gril en l’honneur de Lorenzo. On ne sait jamais ce que les puissants sont capables de faire avec des martyres. Quant à moi je me suis juste demandé s’il était encore possible de faire un tableau d’église.