Il sert dans un bar qui s’appelle « Le Zanzibar » et porte un panama dont la paille laisse passer des pointes de soleil qui se mélangent à ses taches de rousseur d’anglais fripé comme une « pink lady » oubliée au frigo. Il n’a pas de chaouch, un fait rare à Tanger, et à partir de 17 heures Paul délaye au gin ses yeux bleus.
Sur un mur il y a des cartes postales, ou plutôt un mélange de photos, de cartes et même d’enveloppes aux timbres exotiques, une sorte un album personnel qui ressemble à un « work in progress » et parle d’un même endroit : «Stone Town». L'une des cartes est punaisée à l’envers. Voici ce que l’on peut lire :
Dear Paul,
la nuit est plus grande que la mer. Les papillons abreuvés aux flaques dorment dans les girofliers pendant qu’une mère console son bébé - koulou, koulousaï mama, koulou koulousaï – Habid s’est tu, son appel ne retentira qu’à l’aube. Alors les hommes prieront et les papillons ouvriront leurs yeux à facettes. Les nuages reviendront. Le bruit. Le ciel sera violet et les sacs de jute tomberont au fond des cales.
Cet après midi j’ai observé le chargement assise sur une caisse. Les hommes veillent à ne pas manquer la planche. Si l’un entonne un taarab un autre lui répond sous le ciel jaune – aujourd’hui presque deux heures d’un chant magnifique – malgré la poussière qui bouche l’air. Le rythme est lent et même les boutres tirent sans force sur les amarres jusqu’au courant de renverse qui arrive à l’heure de la pluie. A la fin du travail ils se prosternent dans la poussière qui retombe. Je me fais petite, çà m’impressionne tous ces grands gaillards noirs qui s’adressent en haut avec la tête en bas. Vivent-ils à genoux ?
Les papillons ont bu, la nuit tombe sur Zanzibar, viens.
Zelda
On se connaît maintenant alors je dis :
-Hey, Paul, what about Zanzibar ?
Il regarde autour de lui, l’air à la fois perdu et serein.
- Well…clou de girofle.
Alors on rit et puis il dit très sérieusement :
- Fais-moi un tableau.
Sur un mur il y a des cartes postales, ou plutôt un mélange de photos, de cartes et même d’enveloppes aux timbres exotiques, une sorte un album personnel qui ressemble à un « work in progress » et parle d’un même endroit : «Stone Town». L'une des cartes est punaisée à l’envers. Voici ce que l’on peut lire :
Dear Paul,
la nuit est plus grande que la mer. Les papillons abreuvés aux flaques dorment dans les girofliers pendant qu’une mère console son bébé - koulou, koulousaï mama, koulou koulousaï – Habid s’est tu, son appel ne retentira qu’à l’aube. Alors les hommes prieront et les papillons ouvriront leurs yeux à facettes. Les nuages reviendront. Le bruit. Le ciel sera violet et les sacs de jute tomberont au fond des cales.
Cet après midi j’ai observé le chargement assise sur une caisse. Les hommes veillent à ne pas manquer la planche. Si l’un entonne un taarab un autre lui répond sous le ciel jaune – aujourd’hui presque deux heures d’un chant magnifique – malgré la poussière qui bouche l’air. Le rythme est lent et même les boutres tirent sans force sur les amarres jusqu’au courant de renverse qui arrive à l’heure de la pluie. A la fin du travail ils se prosternent dans la poussière qui retombe. Je me fais petite, çà m’impressionne tous ces grands gaillards noirs qui s’adressent en haut avec la tête en bas. Vivent-ils à genoux ?
Les papillons ont bu, la nuit tombe sur Zanzibar, viens.
Zelda
On se connaît maintenant alors je dis :
-Hey, Paul, what about Zanzibar ?
Il regarde autour de lui, l’air à la fois perdu et serein.
- Well…clou de girofle.
Alors on rit et puis il dit très sérieusement :
- Fais-moi un tableau.
Zanzibar - 120 x 60 - acrylique sur toile
Lien pour l'expo de Royan:
http://www.galeriefpl.fr/visitevirtuellegalaup1/visitegalaupsalle1.html
http://www.galeriefpl.fr/visitevirtuellegalaup1/visitegalaupsalle1.html