Je suis en train de faire des
selfies avec ma nouvelle tablette tout en me disant qu’au train arrière où vont
les choses, ce déballage de nos vies, cet étalage de nos égos, l’étape suivante
sera l’endoscope dans le cul.
Chacun en fera l’usage qu’il
veut. Pour ma part, debout dans l’atelier,
je vidéo-projetterai des images
de mon gros colon sur des toiles plus ou moins grandes selon la distance. Une fois le fichier choisi et imprimé
par laser à jet d’encre afin d’avoir une
trame, il ne restera qu’à le recouvrir de peinture
et signer avec mon empreinte ADN préalablement enregistrée au
« Bureau des Empreintes », organisme onusien dont la politique de
confidentialité des données personnelles est sans faille. Enfin autant que
celle de Google vis-à-vis de la NSA.
Ces œuvres intimes,
« véritable mise à nu de l’artiste », seront finalement reconnues en 2042 (assez
tardivement j’avoue) comme prédictives d’un mouvement de la société occidentale dit «période du selfie interne ». Ces
exégètes de mon travail noteront au
passage une légère addiction au coco breton.
Je vous le dis les amis, la
puissance de calcul des ordinateurs nous ouvre des horizons sans limites et les confessions de « Valoche »
paraitront une bluette à côté de telles réalisations.
A cet instant le bidule émet une
sonnerie élégante et coréenne qui annonce
une notification. Je vous la livre :
« Le comité de surveillance
de l’unité de stockage i-nuage 512 à laquelle vous adressez vos photos trouve
que vous avez une sale gueule et procède à la destruction immédiate des
fichiers ».
Et depuis 15 jours je reçois toutes
sortes de propositions de chirurgiens esthétiques, clinique du sourire etc …
dans un rayon de 50 km. La prochaine fois que j’accepte la géolocalisation ce
sera au pôle nord.